Thèse

Phénoménologie et métaphysique dans la pensée de Max Scheler
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La phénoménologie prétend offrir une description de vie affective qui se détache de tout présupposé culturel. Mais les affects ne sont-ils pas nécessairement modelés par la culture? Et inséparables de ses systèmes de représentation ?

Sous la direction de Jean-François Lavigne
Soutenue le 10/12/2018 à l’Université de Montpellier 3
Laboratoire CRISES
Le jury était composé de Natalie Depraz (Présidente) Daniela Verducci, Olivier Agard et Emmanuel Falque (rapporteurs).
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Résumé
Max Scheler développe une phénoménologie de l’affectivité fondée sur l’idée que l’amour est source de toute connaissance. L’amour, défini comme l’acte intentionnel par excellence, est un acte d’essence personnelle. Cette affirmation amène le philosophe à considérer comme une nécessité eidétique l’existence d’une personne infinie divine, un Dieu amour. Cela engendre deux questions : l’essence de la personne divine découle-t-elle de l’expérience intuitive fondée sur l’amour ? Ou bien, au contraire, l’amour ne peut-il être pensé comme fondement de la connaissance que d’après une représentation préalable de Dieu défini comme amour ? Notre recherche propose d’interroger, à partir de la position schelerienne, la possibilité de constituer une phénoménologie absolument neutre de tout présupposé métaphysique. Nous travaillons pour cela avec plusieurs concepts de métaphysique : réalisme ontologique, idéalisme subjectiviste, et Weltanschauung. Nous interrogeons dans un premier temps la pensée schelerienne à travers le prisme du débat généré par le tournant idéaliste de Husserl, en nous demandant si le personnalisme de Scheler peut être qualifié de réalisme et en quel sens. Nous étudions ensuite l’ensemble des axiomes religieux mobilisés par Scheler dans sa phénoménologie afin de mettre en évidence ce que nous appelons une théo-logique de sa conception de la logique phénoménologique. Nous examinons enfin la façon dont Scheler soumet rétrospectivement la phénoménologie à un regard critique, en cherchant à dégager ses présupposés métaphysiques implicites. Cela permet de comprendre pourquoi Scheler, dans la dernière période de ses recherches, abandonne la phénoménologie et considère sa nouvelle pensée comme une métaphysique nouvelle.